Jeudi 7 décembre = Séance Ciné Club

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Jeudi 7 décembre = Séance Ciné Club

Nadine Labaki nous convie à la découverte d’un conte. Au milieu d’une plaine désertique un groupe de femmes avance. Elles semblent soudées les unes aux autres. Elles sont en deuil. Leurs mouvements sont chorégraphiés. Alors qu’elles font corps avec la musique, leur gestuelle devient instrumentale. Et lorsque le groupe se sépare, lorsque la musique s’épuise, déjà une réalité s’inscrit : l’union fait place à la division. Les pleurs sont communs mais une séparation infime s’impose, le cimetière où elles pleurent des hommes et uniquement des hommes est séparé en deux par le chemin qui y conduit.

Cette séparation est celle du culte et de la guerre. Le village dont on nous conte l’histoire compte une population mixte de catholiques et de musulmans qui forment une communauté apparemment paisible malgré les blessures passées. Et si les divisions sont notables, la complicité prime. Cependant face à la réalité des combats, à la guerre de religions qui se ravive, ces femmes se mobilisent car elle ne veulent pas à nouveau se draper de noir.

Elles tentent donc de s’organiser afin que l’atrocité extérieure ne contamine pas l’équilibre délicat auquel le village est arrivé. Nadine Labaki flirte avec la comédie musicale et avec le drame, elle joue de romantisme, de tragédie et de comédie afin d’aborder avec légèreté et respect un sujet épineux, celui de la réalité du Liban qui devient celui de toutes les guerres fratricides.

 

Rencontre avec Nadine Labaki venue au FIFF à Namur pour présenter son film ET MAINTENANT ON VA OU ? et repartie avec 3 prix : la Bayard d’Or du Meilleur Film, le Bayard de la Meilleure comédienne remis à l’ensemble des actrices et le Prix du Jury Junior.

Votre film se construit comme un conte. Est-ce que cette idée est apparue d’emblée ?

Non. L’idée du conte est venue de la volonté de rendre le film plus universel. Ce problème n’est pas spécifiquement libanais : cette guerre – ou cette discorde – aurait pu se passer entre deux familles, deux voisins, deux frères. On voulait parler de la guerre fratricide. Cette animosité entre les gens, je la sens partout, même dans un pays où il n’y a pas la guerre. C’est une envie de rendre les choses universelles, de ne pas les relier au Liban, et dans le film le pays n’est jamais cité. Cela commence d’ailleurs par cette phrase « Cette histoire je vais la raconter à celui qui veut l’écouter » comme si on disait « Il était une fois ». 

On propose par cette phrase au spectateur d’adhérer ou pas à l’histoire.

Oui, avec un jeu très réaliste des acteurs, pour la plupart non professionnels, pour justement rendre les choses plus réelles. Malgré la forme du conte, l’envie est de donner l’impression au spectateur qu’il regarde des gens qui lui ressemble, qu’il puisse s’identifier plus facilement. 

Comment s’est alors passé le casting ?

Le casting ne s’est pas fait de manière traditionnelle. Il y a des gens que j’ai croisé moi-même dans la rue, à qui j’ai demandé de jouer et qui ont accepté. C’est un processus long, assez compliqué. Je choisis les personnalités qui me semblent intéressantes. Je les revoie, on discute… Ce n’est pas très structuré comme manière de travailler.

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